samedi 11 juillet 2020

Décès brutal du Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly: Qui pour lui succéder comme candidat du RHDP à l'élection d'octobre 2020?



Revenu en Côte d’Ivoire après un séjour médical de deux mois passé en France, Amadou Gon  Coulibaly a tiré sa révérence le 8 juillet dernier, lors du traditionnel conseil des ministres.

De nombreux hommages en provenance du monde entier pour honorer la mémoire d’un homme qui a occupé l'espace politique et médiatique depuis près d’une dizaine d’années aux côtés de son mentor, Alassane Ouattara. La disparition brutale d’Amadou Gon Coulibaly émeut l’ensemble des populations ivoiriennes et même toute classe politique ivoirienne. Candidat désigné par Alassane Ouattara en vue de porter la candidature du RHDP à l'élection présidentielle d'octobre 2020, AGC, comme aimaient l’appeler ses partisans, est décédé après un malaise survenu au cours du Conseil des ministres du mercredi 8 juillet 2020. La santé fragile d'Amadou Gon Coulibaly était quasiment sue de tous. L'homme a été transplanté du cœur en 2012. Elle s'est dégradée ces dernières semaines. Les ivoiriens se souviennent encore de son évacuation précipitée en France, le 2 mai 2020, en dépit de la fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays en raison de la pandémie de la Covid 19.

  • Qui était AGC et quelle était la qualité de ses rapports avec le Président  Alassane Ouattara?

Le Premier Ministre, Amadou Gon COULIBALY, était Diplômé du Centre de Hautes Etudes de la Construction (CHEC) de Paris (1983). Après ses études supérieures en France, il retourne en Côte d'Ivoire. Il intègre plus tard l'administration publique et y occupe des fonctions importantes. Il a occupé successivement les fonctions de Directeur des études économiques et financières à la Direction du Contrôle des Grands Travaux (DCGTX), avant d’en être le Directeur Général adjoint (1994-1995). Dans la même période, il fait la connaissance d'Alassane Ouattara. Amadou Gon Coulibaly devient son Conseiller Technique chargé de la coordination et du suivi, alors qu'il est  Premier Ministre, de novembre 1990 à décembre 1993. Depuis cette période, les deux hommes se lieront d'une amitié exceptionnelle et ne se quitteront plus comme si leurs destins étaient liés. Tous les deux, soutenus par d'autres cadres issus pour la plupart du nord du pays et du PDCI contribueront à l'implantation du Rassemblement des républicains (RDR) après la disparition de Djeni Kobina, son fondateur. 

Pour Alassane Ouattara, Amadou Gon Coulibaly a été son plus proche collaborateurs au cours des trente dernières années.

Saluant sa mémoire dans le communiqué de la présidence de la république annonçant le décès de l'homme, le président Alassane Ouattara n'a pas manqué de le présenter comme son "jeune frère" son "fils" qui a été, pendant trente ans, son "plus proche collaborateur". Amadou Gon Coulibaly a occupé également  le poste de ministre de l'agriculture, lors du passage de Laurent Gbagbo à la tête du pays. Il est reconnu par ses proches comme un homme rigoureux, un travailleur chevronné ayant un sens élevé de la responsabilité et de l'excellence.

  • Qui pour succéder à Amadou Gon Coulibaly au RHDP?

La disparition brutale d'Amadou Gon Coulibaly ouvre une petite ère d'incertitude au RHDP. Conformément à sa volonté de léguer la Côte d'Ivoire à une génération plus jeune que la sienne, Alassane Ouattara désigne Amadou Gon Coulibaly comme le candidat du RHDP, et par ricochet son dauphin politique. Certes le nom d'Amadou Gon Coulibaly était évoqué depuis plusieurs mois avant sa désignation, mais il ne faisait pas l'unanimité au sein de parti. 

Alassane Ouattara désigne Amadou Gon Coulibaly comme le candidat du RHDP au cours d'un congrès tenu en mars 2020.

Des voix discordantes, notamment celles de Marcel Amon Tanoh et Albert Mabri Toikeusse ont marqué leur désapprobation face à ce choix unilatéral d'Alassane Ouattara en lieu et place d'une primaire. Marcel Amon Tanoh dont les ambitions présidentielles ne sont plus un secret quitte le parti. Quant au leader de l'UDPCI, il n'est pas reconduit dans l'équipe gouvernementale formée plus tard. Toutefois, la plupart des cadres du RDR et ceux issus du PDCI qui ont rejoint Alassane Ouattara au RHDP se sont engagés à faire bloc autour du successeur désigné. Il ne faut pas oublier que cette question de succession et d'adhésion au RHDP a valu à Guillaume Soro, sa démission de la présidence de l'Assemblée nationale.

Bien que le RHDP ne manque pas de cadres compétents pour succéder à l'illustre disparu, cette disparition brutale d'Amadou Gon Coulibaly ouvre une ère d'incertitude et de doute dans ce parti, à environ quatre mois du scrutin présidentiel d'octobre 2020. Les cadres du parti essaient d'être rassurants. Toutes les options seraient étudiées. Certains noms sont déjà évoqués notamment celui d'Hamed Bakayoko, l'actuel ministre de la défense. Il a assuré  l'intérim de Gon Coulibaly durant sa convalescence en France. Il jouit d'une grande popularité auprès des militants du RHDP et bénéficie de la confiance du président Alassane Ouattara. Il a été l'un des artisans du retour de la sécurité et de la stabilité en Côte d'Ivoire après la grave crise post-électorale que le pays a connue. Mais cette confiance suffira-t-elle pour lui confier les rênes du parti?

Hamed Bakayoko et Patrick Achi sont deux personnages proches d'Alassane Ouattara qui bénéficient de sa confiance.

Un autre nom est également évoqué: Patrick Achi. Actuel secrétaire de la Présidence,  il est originaire du sud de la Côte d'Ivoire. Cadre brillant, il a intégré le Gouvernement sous l'ère Gbagbo et ne l'a plus vraiment quitté. Ancien cadre du PDCI, Patrick Achi jouit d'une belle estime auprès d'Alassane Ouattara. Il est connu pour être une personnalité peu charismatique mais modérée et surtout un technocrate. Cependant, il est lésé par la configuration géopolitique ivoirienne où les principaux leaders politiques sont à la tête d'entités qui ont pour ancrage les principaux groupes ethniques et les régions dont ils sont originaires. Son leadership et sa légitimité pourraient être mis à mal par la base du RHDP et certains cadres essentiellement issus du nord du pays.

La troisième option qui , semble plus plausible, est le retour d'Alassane Ouattara dans l'arène politique. Plusieurs responsables sont favorables à une 3è candidature du chef de l'Etat  d'autant que le parti ne s'était pas préparé à ce drame. De plus, aucune figure politique charismatique susceptible de fédérer toutes les sensibilités autour d'elle  n'émerge suffisamment pour porter la candidature du RHDP à la prochaine élection.  Alassane Ouattara pourrait donc céder sous la pression des partisans favorables à cette option et envisager barrer la route à son ancien allié, Henri Konan Bédié. Celui-ci, du haut de ses 86 ans pourrait tirer profit des problèmes judiciaires de Laurent Gbagbo et bénéficier des suffrages de son électorat. En clair, le président sortant est confronté à un grand dilemme: participer à cette élection en prenant le risque de susciter de nouvelles violences voire une nouvelle crise ou se retirer au profit d'un jeune cadre avec les risques de perdre le pouvoir d'état?


NB: Nous ne sommes pas l'auteur des images qui illustrent cette contribution.


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