dimanche 2 août 2020

Présidentielles ivoiriennes: Quelle analyse des probables retours des principaux leaders dans l'arène politique?




Et si tout n'était qu'une question d'honneur à restaurer ou à préserver?

La prochaine compétition électorale se présente comme l'ultime combat pour les 3 personnalités qui ont dominé, sans partage, la scène politique depuis 3 décennies. Leurs vies et leurs parcours politiques se confondent avec les crises successives et les mutations socio-politiques que la Côte d'Ivoire a connues ces dernières années.
Au moment où les dernières pages de leurs parcours atypiques s'écrivent, ces figures politiques entendent imprimer dans la mémoire collective, l'image de personnages qui auront réussi à restaurer/ préserver leur dignité et leur honneur avant de quitter définitivement l'arène politique.
L'un a fait partie des artisans du "miracle économique ivoirien" des années 70 et 80. Il accède au pouvoir après la disparition du Père fondateur en 1993. Il est élu président en 1995 à l'issue d'une élection présidentielle boudée par les principales figures de l'opposition politique. En 1999, les contestations sociales et les difficultés socio-économiques précipitent sa chute. Il quitte la Côte d'Ivoire et fait l'amère expérience de l'exil. Il revient sur la scène politique en 2010 et favorise l'avènement au pouvoir de l'actuel locataire de la présidence de la république. Les antagonismes entre les deux alliés rompent leur alliance.
Au regard de la recomposition profonde du paysage politique, il appréhende la prochaine joute électorale comme l'occasion espérée pour laver l'affront de 1999. En clair, il est probablement question pour lui de restaurer son honneur et son image au risque de voir l'Histoire retenir qu'il est celui par qui le parti septuagénaire, le parti du Père fondateur, a perdu le sceptre du pouvoir.
L'autre est présenté comme le père du multipartisme. Il se fait remarquer par la témérité et la pugnacité qu'il affiche face au Père fondateur. Il accède au pouvoir en 2000. Deux années après, il est confronté à une crise armée. D'accords politiques en compromis politiques, il accepte d'organiser l'élection présidentielle en 2010 en vue de la sortie de crise. A l'issue de la violente crise post-électorale de 2010, il perd le pouvoir. Il est présenté comme un trophée de guerre sur toutes les chaînes de télévisions internationales.
Il est transféré à la prison de Scheveningen. Après un procès fleuve de près de 8 années, il jouit encore d'une grande popularité auprès des populations . Les fréquentes rumeurs autour de sa libération ont souvent suscité des scènes de liesse dans ses bastions traditionnels. Dans l'attente de la décision de la Chambre d'appel de la CPI, il pourrait envisager un retour sur la scène politique pour restaurer cette image vitriolée que les médias occidentaux ont entretenue au cours de son passage à la tête du pays. Une question d'honneur!
Le 3è fait son entrée sur la scène politique à la faveur des difficultés économiques que le pays rencontre à la fin de la décennie 80. Nommé Premier Ministre, il est chargé de conduire de profondes réformes politiques et économiques pour sortir le pays d'une situation socio-économique exsangue. Après le décès du Père fondateur, il se retire momentanément de la scène politique. Il revient plus tard et prend les rênes du parti qui le portera au pouvoir en 2010 mais aussi grâce au soutien politique de son ancien rival.
A l'issue de deux mandats consacrés au repositionnement diplomatique et économique de la Côte d'Ivoire, il décide de ne pas se porter candidat à un 3è mandat. Il désigne celui qu'il appelle affectueusement son "fils", "son plus proche collaborateur" au cours de ces trente dernières années. Cette décision ne fera pas l'unanimité et va susciter le départ de certains de ses cadres. Malheureusement, le dauphin politique passe de vie à trépas le 8 juillet dernier, plongeant l'ensemble de la classe politique dans la consternation. La multiplicité des appels des différentes instances de son parti pourrait l'amener à céder à la tentation d'un 3è mandat en dépit d'une crise politique qui pourrait en découler. Mais l'objectif restera le même que celui de ses prédécesseurs: honorer la mémoire de ce fils parti de façon inattendue.
En clair, la "nouvelle génération" devrait attendre encore le temps que les "papes" de la politique ivoirienne restaurent ou préservent leurs dignité et honneur.
En fait:
"Il n'y a pas de hasard, tout est écrit", Paolo Coelho, Maktub

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