mardi 3 avril 2018

UNE VIE APRES LA FONCTION PRESIDENTIELLE EN AFRIQUE (I)


UNE VIE APRES LA FONCTION PRESIDENTIELLE  EN AFRIQUE (I)

Les dirigeants des pays africains sont souvent l’objet de critiques acerbes du fait du non-respect des règles démocratiques. Pourtant ces trois dernières décennies, le continent a fait  des progrès significatifs en matière d’alternance politique démocratique et pacifique. En effet, plusieurs figures politiques et ex chefs d’Etat ont permis à leurs pays de faire des bonds qualitatifs, et ce à travers le respect des prescriptions constitutionnelles notamment le nombre de mandats prévus par la Loi fondamentale ou encore le respect du verdict des urnes.
Les acteurs politiques qui ont fait l’objet des articles à venir s’accordent à montrer qu’il existe une vie , voire une carrière après la fonction présidentielle en Afrique.

Cet article, le premier d’une petite série, propose quelques exemples d’ex chefs d’Etat qui, par leur maturité politique, ont envisagé leur retrait de la scène politique conformément aux lois nationales. Somme toute, ces initiatives ont contribué au renforcement des acquis démocratiques et de la stabilité socio-politique de leurs pays respectifs.


Pedro Pires du Cap Vert :

La République du Cap Vert est un petit archipel situé en Afrique de l’Ouest. Avec sa superficie de 4000 km², le pays accède à l’indépendance en 1975. Depuis lors, il a connu quatre (4) présidents : Aristides Pereira, le président fondateur qui se retire après sa défaite aux premières élections démocratiques en 1990 ; Antonio Monteiro (1991-2001), Pedro Pires (2001-2011) et Jorge Fonseca, depuis 2011.

Des anciens présidents, Pedro Pires reste le plus en vue sur la scène internationale en dépit de son retrait de la vie politique du Cap Vert. Grand-collier de l’ordre de l’Infant Dom Henrique du Portugal (2002) et Lauréat du Prix Mo Ibrahim en 2011, Pedro Pires a fait partie du panel des Chefs d’Etats formé par l’Union Africaine pour tenter une médiation et trouver un dénouement pacifique à la crise post-électorale ivoirienne de 2010-2011 ; laquelle crise opposait, à l’époque, Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara.

Pedro Pires, président du Cap Vert de 2001 à 2011.


En outre, Pedro Pires a observé la récente élection présidentielle angolaise. Celle-ci a porté en 2017 Joao Lourenço, le successeur désigné d’Eduardo Dos Santos, au pouvoir d’Etat. A côté de ce type de missions, ce personnage de 83 ans continue d’animer des conférences à travers le monde. Engagé dans l’éducation et la formation, il a créé un institut sur le leadership qui contribue à la formation de la jeune intelligentsia cap-verdienne.


Le Ghana et son cercle d’ex présidents:

Tout comme le Cap Vert, le Ghana s’impose aujourd’hui comme l’un des meilleurs élèves de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Les acteurs politiques ghanéens qui ont exercé la fonction suprême se rencontrent souvent. Cette démarche s’inscrit notamment dans la perspective d’inculquer et de renforcer la culture démocratique chez leurs concitoyens.

Mais les ex présidents ghanéens ne chôment pas du tout. Jerry Rawlings qui a dirigé le pays entre 1981 et 2001 a été, par exemple,  l’envoyé spécial de l’Union Africaine en Somalie en 2010. Toutefois, sa retraite politique ne l’empêche pas de porter des critiques à l’encontre des pouvoirs qui se sont succédé à la tête du Ghana ces dernières années. Quant à John Kufuor, il a été président de 2001 à 2009. Depuis 2013, il occupe le poste d’envoyé spécial des Nations Unies pour le changement climatique en dépit du poids de l’âge (78 ans) et de sa santé fragile.


Le président Faure Gnassingbé salue les anciens présidents ghanéens à l’occasion des festivités marquant le 60è anniversaire du Ghana, le 6 mars 2017.
John Mahama Dramani est le plus jeune des ex présidents ghanéens avec ses 58 ans. Il a conduit une mission d’observation des pays du Commonwealth lors de l’élection présidentielle kényane d’août 2017. Il conduira également une autre mission d’observation pour le compte de la CEDEAO au Liberia en vue de superviser les dernières élections présidentielles. L’échéance électorale de 2020 pourrait changer la donne à son niveau, si les cadres de son parti veulent encore lui en confier les rênes.

L’ex guerillero Joaquim Chissano du Mozambique :

Cet ancien guerillero a lutté aux côtés du Frelimo pour l’indépendance du Mozambique en 1975. Il devient l’une des figures de proue du Frelimo après l’indépendance de son pays le 25 juin 1975. A l’issue de l’assassinat du président Samora Machel, il fait partie du comité central mis en place pour assurer l’intérim du défunt président à la tête de l’Etat. Joaquim Chissano se retire de la scène politique de son pays par son refus de se représenter aux élections de 2004. Depuis lors, il met ses compétences au service aux institutions internationales et régionales. En octobre 2005, il est nommé conseiller à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Il s’engage en faveur de la paix dans le monde aux côtés de la Fondation Chirac où il est membre du comité d’honneur.




Joaquim Chissano, un retraité bien occupé,  tiraillé entre les conférences internationales et les missions d’observation électorale sur le continent.

Il dirige également la Fondation Chissano qui initie des projets de développement pour les populations inscrites dans la dynamique de la réconciliation et de la construction post-crise. Joaquim Chissano anime des conférences ou dirige des missions d’observation électorale pour le compte de l’Union Africaine. C’en était le cas lors de l’élection qui a porté Joao Lourenço au pouvoir en Angola, en 2017. 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

COTE D'IVOIRE: UNE ELECTION PRESIDENTIELLE SUR FOND DE TENSIONS POLITIQUES ET COMMUNAUTAIRES

  A l’instar de plusieurs pays africains, la Côte d'Ivoire entame un nouveau cycle électoral. Celui-ci commence par l’élection la plus...