UNE
VIE APRES LA FONCTION PRESIDENTIELLE EN AFRIQUE (I)
Les dirigeants des pays
africains sont souvent l’objet de critiques acerbes du fait du non-respect des
règles démocratiques. Pourtant ces trois dernières décennies, le continent a fait
des progrès significatifs en matière d’alternance politique démocratique et
pacifique. En effet, plusieurs figures
politiques et ex chefs d’Etat ont permis à leurs pays de faire des bonds
qualitatifs, et ce à travers le respect des prescriptions constitutionnelles
notamment le nombre de mandats prévus par la Loi fondamentale ou encore le
respect du verdict des urnes.
Les
acteurs politiques qui ont fait l’objet des articles à venir s’accordent à montrer
qu’il existe une vie , voire une carrière après la fonction présidentielle en
Afrique.
Cet article, le premier
d’une petite série, propose quelques exemples d’ex chefs d’Etat qui, par leur
maturité politique, ont envisagé leur retrait de la scène politique conformément aux lois nationales. Somme toute, ces initiatives ont contribué au
renforcement des acquis démocratiques et de la stabilité socio-politique de
leurs pays respectifs.
Pedro
Pires du Cap Vert :
La République du Cap
Vert est un petit archipel situé en Afrique de l’Ouest. Avec sa superficie de
4000 km², le pays accède à l’indépendance en 1975. Depuis lors, il a connu
quatre (4) présidents : Aristides Pereira, le président fondateur qui se
retire après sa défaite aux premières élections démocratiques en 1990 ;
Antonio Monteiro (1991-2001), Pedro Pires (2001-2011) et Jorge Fonseca, depuis
2011.
Des anciens présidents,
Pedro Pires reste le plus en vue sur la scène internationale en dépit de son
retrait de la vie politique du Cap Vert. Grand-collier de l’ordre de l’Infant
Dom Henrique du Portugal (2002) et Lauréat du Prix Mo Ibrahim en 2011, Pedro
Pires a fait partie du panel des Chefs d’Etats formé par l’Union Africaine pour
tenter une médiation et trouver un dénouement pacifique à la crise
post-électorale ivoirienne de 2010-2011 ; laquelle crise opposait, à
l’époque, Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara.
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Pedro Pires, président du Cap Vert de 2001 à 2011. |
En outre, Pedro Pires a
observé la récente élection présidentielle angolaise. Celle-ci a porté en 2017 Joao
Lourenço, le successeur désigné d’Eduardo Dos Santos, au pouvoir d’Etat. A côté
de ce type de missions, ce personnage de 83 ans continue d’animer des
conférences à travers le monde. Engagé dans l’éducation et la formation, il a
créé un institut sur le leadership qui contribue à la formation de la jeune
intelligentsia cap-verdienne.
Le
Ghana et son cercle d’ex présidents:
Tout comme le Cap Vert,
le Ghana s’impose aujourd’hui comme l’un des meilleurs élèves de la démocratie
en Afrique de l’Ouest. Les acteurs politiques ghanéens qui ont exercé la
fonction suprême se rencontrent souvent. Cette démarche s’inscrit notamment
dans la perspective d’inculquer et de renforcer la culture démocratique chez
leurs concitoyens.
Mais les ex présidents ghanéens
ne chôment pas du tout. Jerry Rawlings qui a dirigé le pays entre 1981 et 2001
a été, par exemple, l’envoyé spécial de
l’Union Africaine en Somalie en 2010. Toutefois, sa retraite politique ne
l’empêche pas de porter des critiques à l’encontre des pouvoirs qui se sont
succédé à la tête du Ghana ces dernières années. Quant à John Kufuor, il a été
président de 2001 à 2009. Depuis 2013, il occupe le poste d’envoyé spécial des
Nations Unies pour le changement climatique en dépit du poids de l’âge (78 ans)
et de sa santé fragile.
Le président
Faure Gnassingbé salue les anciens présidents ghanéens à l’occasion des
festivités marquant le 60è anniversaire du Ghana, le 6 mars 2017.
John Mahama Dramani est
le plus jeune des ex présidents ghanéens avec ses 58 ans. Il a conduit une
mission d’observation des pays du Commonwealth lors de l’élection
présidentielle kényane d’août 2017. Il conduira également une autre mission
d’observation pour le compte de la CEDEAO au Liberia en vue de superviser les
dernières élections présidentielles. L’échéance électorale de 2020 pourrait
changer la donne à son niveau, si les cadres de son parti veulent encore lui
en confier les rênes.
L’ex
guerillero Joaquim Chissano du Mozambique :
Cet ancien guerillero a
lutté aux côtés du Frelimo pour l’indépendance du Mozambique en 1975. Il
devient l’une des figures de proue du Frelimo après l’indépendance de son pays
le 25 juin 1975. A l’issue de l’assassinat du président Samora Machel, il fait
partie du comité central mis en place pour assurer l’intérim du défunt
président à la tête de l’Etat. Joaquim Chissano se retire de la scène politique
de son pays par son refus de se représenter aux élections de 2004. Depuis lors,
il met ses compétences au service aux institutions internationales et régionales.
En octobre 2005, il est nommé conseiller à la Conférence des Nations Unies sur
le commerce et le développement (CNUCED). Il s’engage en faveur de la paix dans
le monde aux côtés de la Fondation Chirac où il est membre du comité d’honneur.
Joaquim
Chissano, un retraité bien occupé, tiraillé entre les conférences internationales
et les missions d’observation électorale sur le continent.
Il dirige également la
Fondation Chissano qui initie des projets de développement pour les populations
inscrites dans la dynamique de la réconciliation et de la construction
post-crise. Joaquim Chissano anime des conférences ou dirige des missions
d’observation électorale pour le compte de l’Union Africaine. C’en était le
cas lors de l’élection qui a porté Joao Lourenço au pouvoir en Angola, en 2017.
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